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Le Journal de Montréal, le 31 août 2010
Renée Laurin
Méditer… J’en rêvais depuis un an déjà. Trouver cet espace de calme intérieur, cette oasis de paix où le stress du quotidien, les soucis et les inquiétudes ne nous atteignent plus, cette parenthèse sacrée au cœur de soi où, pour un moment, tout nous semble parfait, comme il se doit.
Je me suis donné le droit d’ouvrir cette parenthèse dans ma vie, il y a deux semaines. J’ai finalement réussi à vaincre mes résistances devant l’inconnu et me suis engagée à participer aux séances de méditation hebdomadaires du temple bouddhiste tibétain de mon quartier.
Une nouvelle aventure commence. Un voyage intérieur fascinant, à quelques minutes de chez moi. Les enfants me regardent partir tous les mercredis soir, mal à l’aise devant l’enthousiasme de leur mère pour une activité aussi inusitée, mais intrigués tout de même. À mon retour, une tempête de questions m’attend : c’était comment ? Les moines ont-ils une longue robe rouge comme dans les films ? Est-ce que vous faites des « aoummms » pendant de longues minutes ?
Je souris chaque fois. Oui, le maître qui nous enseigne la méditation porte une tunique rouge, non il n’y a pas d’ « aoummm » au menu. Seulement des enseignements sur la philosophie bouddhiste et quelques techniques de méditation fort simples que nous pratiquons ensemble dans une salle pleine de statues de Bouddhas dorées.
La méditation est accessible à tous, peu importe la condition physique.
J’adore… D’abord parce que j’ai l’impression de voyager chaque fois que je pénètre dans ce temple coloré, mais surtout parce que j’ai le sentiment d’avoir enfin accepté d’ouvrir en moi la porte d’une pièce lumineuse, pleine de promesses. La méditation, nous a expliqué le maître le premier soir, calme notre agitation cérébrale, purifie nos pensées, chasse les nuages gris, augmente notre capacité de concentration, libère notre créativité, modifie notre perception des choses et des événements et, du coup, augmente notre optimiste face à la vie.
DEVENIR UN PARENT PLUS SEREIN
D’ici quelques mois, mes enfants auront droit à une nouvelle mère. Je leur ai fait miroiter le rêve d’une maman zen qui réagira beaucoup plus calmement lorsqu’elle aura du mal à ouvrir la porte de chambre de ses ados bordéliques, une maman qui saura mieux peser ses mots lorsque les coffres à crayons recommenceront à disparaître, qu’il faudra répéter cinquante fois de lâcher Facebook pour venir faire la vaisselle ou les devoirs et lorsque les retenus recommenceront à se multiplier.
Deux ou trois resprations et hop ! Le couvercle de la marmite bouillante retombera en place, juste à temps pour ne pas laisser exploser les « espèces des sans-coeur, égoïste, traîneux, fainéant, pâte molle, futur délinquant » et tous ces qualificatifs blessants dont on affuble parfois nos enfants sur le coup de la colère, sans toujours réaliser que nous sommes en train de semer en eux les graines de leur identité.
Bien sûr, rien n’est encore gagné. Lorsqu’on aspire à une transformation aussi profonde, il faut accepter d’y mettre le temps et l’énergie nécessaires. Dans mon cas, cela signifie me lever plus tôt, tous les matins, pour entraîner non pas mes muscles, mais mon mental. Quelques minutes par jour suffisent au début, puis on tente peu à peu d’augmenter la durée, comme le font les athlètes qui s’entraînent pour un marathon. La beauté de la chose, c’est que ce type d’entraînement est accessible à tous, peu importe notre condition physique.
LES ENFANTS AUSSI MÉDITENT
« Tous les monde peut faire de la méditation et on peut la pratiquer à tous âge, affirmait récemment le moine bouddhiste Matthieu Ricard, dans un article du Devoir publié en janvier 2008. Même les enfants adorent cela, dit-il. C’est tout simple : on leur demande de garder l’attention sur une fleur, un caillou ou une image d’un papillon. C’est unanimement quelque chose qui aide les enfants. »
M. Ricard voit même la pratique de la méditation comme un antidote efficace à la violence scolaire. Tiens donc… Et si on répandait la bonne nouvelle dans nos écoles ? La thérapeute Mélanie Gambino a commencé à enseigner le yoga, le tai chi et la méditation à des écoliers de New York. Les résultats, semble-t-il, sont très concluants. Selon elle, la pratique régulière de ces activités aide les jeunes à mieux gérer le stress et à se forger une image positive d’eux-mêmes.
Chez-nous, l’idée fait tranquillement son chemin. Quelques écoles primaires de la région de Montréal ont commencé à offrir des sessions de yoga à leurs élèves. Cette forme de méditation plus active permettrait aussi de calmer l’hyperactivité physique et cérébrale des enfants tout en augmentant leur capacité de concentration. Et Dieu sait que les enfants en ont besoin si on se fie à l’augmentation fulgurante des prescriptions de ritalin dans nos écoles.
Stressés nos enfants ? Sans aucun doute. Peut-être parce qu’on leur demande de faire plutôt que des les laisser être. Faire pour être à la hauteur de nos attentes, pour gonfler notre fierté parentale lorsqu’on les voit performer à l’école et dans toutes les sphères de leur vie. Peut-être aussi parce qu’ils nous voient nous agiter dans tous les sens, sans but apparent sinon celui de gagner toujours plus d’argent pour s’acheter des bonheurs passagers et un confort matériel qui, de toute évidence, nous laissera toujours sur notre faim.
Le Journal de Montréal, le 31 août 2010
Renée Laurin
Méditer… J’en rêvais depuis un an déjà. Trouver cet espace de calme intérieur, cette oasis de paix où le stress du quotidien, les soucis et les inquiétudes ne nous atteignent plus, cette parenthèse sacrée au cœur de soi où, pour un moment, tout nous semble parfait, comme il se doit.
Je me suis donné le droit d’ouvrir cette parenthèse dans ma vie, il y a deux semaines. J’ai finalement réussi à vaincre mes résistances devant l’inconnu et me suis engagée à participer aux séances de méditation hebdomadaires du temple bouddhiste tibétain de mon quartier.
Une nouvelle aventure commence. Un voyage intérieur fascinant, à quelques minutes de chez moi. Les enfants me regardent partir tous les mercredis soir, mal à l’aise devant l’enthousiasme de leur mère pour une activité aussi inusitée, mais intrigués tout de même. À mon retour, une tempête de questions m’attend : c’était comment ? Les moines ont-ils une longue robe rouge comme dans les films ? Est-ce que vous faites des « aoummms » pendant de longues minutes ?
Je souris chaque fois. Oui, le maître qui nous enseigne la méditation porte une tunique rouge, non il n’y a pas d’ « aoummm » au menu. Seulement des enseignements sur la philosophie bouddhiste et quelques techniques de méditation fort simples que nous pratiquons ensemble dans une salle pleine de statues de Bouddhas dorées.
La méditation est accessible à tous, peu importe la condition physique.
J’adore… D’abord parce que j’ai l’impression de voyager chaque fois que je pénètre dans ce temple coloré, mais surtout parce que j’ai le sentiment d’avoir enfin accepté d’ouvrir en moi la porte d’une pièce lumineuse, pleine de promesses. La méditation, nous a expliqué le maître le premier soir, calme notre agitation cérébrale, purifie nos pensées, chasse les nuages gris, augmente notre capacité de concentration, libère notre créativité, modifie notre perception des choses et des événements et, du coup, augmente notre optimiste face à la vie.
DEVENIR UN PARENT PLUS SEREIN
D’ici quelques mois, mes enfants auront droit à une nouvelle mère. Je leur ai fait miroiter le rêve d’une maman zen qui réagira beaucoup plus calmement lorsqu’elle aura du mal à ouvrir la porte de chambre de ses ados bordéliques, une maman qui saura mieux peser ses mots lorsque les coffres à crayons recommenceront à disparaître, qu’il faudra répéter cinquante fois de lâcher Facebook pour venir faire la vaisselle ou les devoirs et lorsque les retenus recommenceront à se multiplier.
Deux ou trois resprations et hop ! Le couvercle de la marmite bouillante retombera en place, juste à temps pour ne pas laisser exploser les « espèces des sans-coeur, égoïste, traîneux, fainéant, pâte molle, futur délinquant » et tous ces qualificatifs blessants dont on affuble parfois nos enfants sur le coup de la colère, sans toujours réaliser que nous sommes en train de semer en eux les graines de leur identité.
Bien sûr, rien n’est encore gagné. Lorsqu’on aspire à une transformation aussi profonde, il faut accepter d’y mettre le temps et l’énergie nécessaires. Dans mon cas, cela signifie me lever plus tôt, tous les matins, pour entraîner non pas mes muscles, mais mon mental. Quelques minutes par jour suffisent au début, puis on tente peu à peu d’augmenter la durée, comme le font les athlètes qui s’entraînent pour un marathon. La beauté de la chose, c’est que ce type d’entraînement est accessible à tous, peu importe notre condition physique.
LES ENFANTS AUSSI MÉDITENT
« Tous les monde peut faire de la méditation et on peut la pratiquer à tous âge, affirmait récemment le moine bouddhiste Matthieu Ricard, dans un article du Devoir publié en janvier 2008. Même les enfants adorent cela, dit-il. C’est tout simple : on leur demande de garder l’attention sur une fleur, un caillou ou une image d’un papillon. C’est unanimement quelque chose qui aide les enfants. »
M. Ricard voit même la pratique de la méditation comme un antidote efficace à la violence scolaire. Tiens donc… Et si on répandait la bonne nouvelle dans nos écoles ? La thérapeute Mélanie Gambino a commencé à enseigner le yoga, le tai chi et la méditation à des écoliers de New York. Les résultats, semble-t-il, sont très concluants. Selon elle, la pratique régulière de ces activités aide les jeunes à mieux gérer le stress et à se forger une image positive d’eux-mêmes.
Chez-nous, l’idée fait tranquillement son chemin. Quelques écoles primaires de la région de Montréal ont commencé à offrir des sessions de yoga à leurs élèves. Cette forme de méditation plus active permettrait aussi de calmer l’hyperactivité physique et cérébrale des enfants tout en augmentant leur capacité de concentration. Et Dieu sait que les enfants en ont besoin si on se fie à l’augmentation fulgurante des prescriptions de ritalin dans nos écoles.
Stressés nos enfants ? Sans aucun doute. Peut-être parce qu’on leur demande de faire plutôt que des les laisser être. Faire pour être à la hauteur de nos attentes, pour gonfler notre fierté parentale lorsqu’on les voit performer à l’école et dans toutes les sphères de leur vie. Peut-être aussi parce qu’ils nous voient nous agiter dans tous les sens, sans but apparent sinon celui de gagner toujours plus d’argent pour s’acheter des bonheurs passagers et un confort matériel qui, de toute évidence, nous laissera toujours sur notre faim.
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