Le yoga, c’est plus que l’aspect physique. Professeur de hatha yoga pendant 12 ans. Pauline, Montréal. Le 26 octobre 2009.

J’ai été professeur de yoga pendant douze ans pour les loisirs dans une paroisse de Montréal. Je ne me rappelle plus quelle a été la motivation première qui m’a amenée à débuter le yoga : ce devait être pour la bonne forme physique. C’était aussi la mode à cette époque dans les années 1970. J’ai commencé par un atelier intensif d’été, à Val Morin, chez Swami Vishnudevananda. Nous étions vraiment plongés sans trop d’explication dans les postures physiques et la méditation. Tous les matins, il y avait des méditations et des mantras au temple. J’aimais moins ce côté spirituel, car je ne savais pas ce que je faisais. Je ne voulais pas aller vers la philosophie hindoue, ce n’est pas cela qui m’intéressait. Je ne cherchais pas un maître, un gourou ou un nouveau Dieu. J’y allais pour le bien-être physique.

Je me suis promise qu’en revenant à Montréal, je trouverais une autre école, car je voulais comprendre ce qu’on nous faisait faire. Donc, en revenant à Montréal, je suis allée dans une école dirigée par monsieur Gérard Fortier, rue St-Denis. Je prenais des cours une fois par semaine pendant une heure et demie et je l’ai même enseigné pendant 1 an ½. Monsieur Fortier demeurait également à Stowe, dans le Vermont, où il formait des professeurs et où il donnait des sessions de yoga. J’y suis allée plusieurs étés pour prendre des cours.

C’était des cours de hatha yoga, de la méditation, des chants de mantras, des conférences données par monsieur Fortier et des présentations de vidéos. Monsieur Fortier était un Rosé Cruciens et sa philosophie était basée sur la pensée positive, la pensée créatrice, le Dieu énergie. Il nous faisait chanter des mantras à Shiva, un dieu hindou, mais il le traduisait par « Dieu est notre force ». À un certain moment donné ils avaient commencé à introduire différents types de méditation dans ces cours et j’ai vu des gens qui avaient des réactions émotives provenant de leur inconscient. Cela m’avait alertée et j’ai quitté cette école.

L’influence sur moi

J’étais moins attirée par les techniques de méditation et de concentration mais par contre, j’aimais bien les postures physiques. Au plan de la santé, je n’ai pas eu de problèmes. Pour moi, les postures n’ont pas été négatives. Je n’ai pas été témoin de grand drame et je n’en ai pas vécu moi-même, sauf au plan tantrique où j’ai eu des expériences. La première fois, j’étais dans une posture et j’ai eu une sensation au plan génital. Cette sensation s’est répétée par la suite.

Malheureusement, j’étais allée demander un mantra à monsieur Fortier, un que lui-même utilisait beaucoup. J’ai noté alors un affaiblissement de mes facultés mentales; j’étais plus facilement ouverte aux phénomènes psychiques. J’ai noté une atteinte à ma volonté ou une baisse de mes défenses personnelles, si vous préférez. Le trouble qui a pu s’installer a été de sentir l’influence à distance, la présence du gourou. Cela était troublant. Je sentais qu’il y avait un lien entre moi et le gourou, même si nous étions à distance. Je sentais une présence et je n’étais pas confortable.

Le yoga a ravivé et renforcé ma vie spirituelle. Cela m’a amenée à faire un choix, à avoir du discernement et à apprendre à dire non. Cela m’a amenée à être plus prudente et à m’informer d’avantage.

Pourquoi j’ai arrêté

J’ai arrêté d’enseigner car je ne me trouvais pas crédible : je ne faisais que les postures physiques et la relaxation.
Je savais qu’il fallait que j’aille plus loin pour continuer à l’enseigner. Je voulais aussi arrêter de faire de la fausse représentation, car le yoga, c’est plus que l’aspect physique que j’enseignais. Les gens ne comprenaient pas pourquoi je ne voulais pas revenir enseigner. Je voyais que c’était plus spirituel que l’on pense et je ne voulais pas m’associer plus longtemps à cela. Je me suis retirée à temps.

De plus, à un moment donné, nous avons eu une journée porte ouverte en paroisse, où nous avions un kiosque dans lequel nous présentions nos activités pour la session suivante. J’y avais mis des livres sur le yoga et il y en avait de plus spirituels qui parlaient d’une certaine conception de Dieu. Le curé de la paroisse s’est approché et j’ai vu qu’il n’était pas confortable. Je me suis dit : «C’est vrai, ce n’est pas mon affaire de parler de Dieu. » et j’ai retiré cela de la table. J’ai aussi senti que le prêtre n’était pas favorable à l’enseignement du yoga dans son sous-sol et j’ai entendu dire qu’il en avait parlé en chaire. J’ai aussi arrêté le yoga pour être fidèle à la religion catholique.

Mon opinion

Je voyais le yoga comme quelque chose d’exotique et d’un peu mystérieux. J’avais des posters sur les chakras et les divinités qui étaient rattachées à chacun des chakras. Pour moi, cela était quelque chose d’un peu mythologique et de pas réel. Alors je n’y voyais pas de danger. Mais je sais qu’il y avait des mantras associés à chacune des postures, des couleurs et des sons. Je suis allée dans différents groupes ou sectes où on utilise et où on véhicule de l’énergie. On te transfère de l’énergie et cela fait que tu es de plus en plus en lien. Certains liens deviennent forts et influencent les gens et alors on établit des hiérarchies spirituelles.

Le yoga, c’est physique, psychique, religieux. C’est tout cela. Je suis défavorable à ce qu’on enseigne le yoga à l’école ou dans les centres de santé. J’aime l’approche clinique du yoga, le volet physique, musculaire, mais je n’aime pas que l’on utilise le subconscient des gens. Car tout dépend de celui qui l’enseigne et de celui qui le reçoit.

Si tu tombes sur un bon professeur, il n’y a pas de problème, mais si tu tombes sur un gourou qui cherche le pouvoir et qui peut utiliser ses pouvoirs pour faire n’importe quoi sur toi, c’est un grave problème, car là il est question d’énergie et de manipulation de la force vitale des gens. Cela dépend du professeur.

Cela dépend aussi des gens qui le reçoivent. Ce n’est pas la majorité des gens qui ont des problèmes en faisant du yoga. J’ai entendu parler d’une personne qui avait déjà des problèmes psychiatriques et qui en faisant une posture (la chandelle) a fait une crise psychotique. S’il elle n’avait pas fait de yoga, peut-être n’aurait-elle pas fait cette crise.

Lorsque je suis sortie de tout cela, je suis allée à une conférence et j’ai vu des livres disant que tout cela était relié à l’énergie de Lucifer. Ce fut un choc pour moi et c’est dramatique, car je ne pensais pas avoir mis les pieds là-dedans. Mais je ne sais pas si c’est vrai ou pas. Mais plus j’entends les gens, plus je pense que ça peut être cela. Mais je sais qu’il y a des dangers. C’est certain que ces gens ne véhiculent pas les mêmes valeurs que les nôtres et ils veulent étendre leurs tentacules. Ils vont chercher des gens qui peuvent les aider ou qui vont rentrer dans le moule.

J’aurais tendance à conseiller à quelqu’un qui veut avoir une bonne forme physique de faire du sport au lieu du yoga. Le yoga, c’est comme de passer autre chose sous le couvert de la forme physique. C’est certain que ce n’est pas qu’un exercice physique.

Transcription d’un témoignage verbal.

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