Un mouvement sectaire au salon du bien-être. Clicanoo.com. Le 3 juillet 2010.
Source : http://www.clicanoo.re/11-actualites/16-faits-divers/250466-un-mouvement-sectaire-au-salon-du.html
Le stand de Sahaja Yoga au salon du bien-être. Pour la Miviludes, le principe de précaution s’impose par rapport à ce mouvement. (Photo Stephan Laï-Yu)
On ne trouve pas que des stands de massages thaïlandais et d’huiles essentielles au salon du bien-être de Saint-Denis. Parmi les exposants figure le mouvement Sahaja Yoga. Problème, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires estime qu’il faut se montrer méfiant vis-à-vis de cette association.
Coincé entre des stands de matelas haut de gamme et de nutrition bio, celui de Sahaja Yoga propose une séance de 15 minutes de méditation gratuite. Une “première expérience de la réalisation du soi”. Grâce à cette “technique simple”, il est possible de se connaître en profondeur, de gérer son stress et sa fatigue et de trouver la joie intérieure, indique les animateurs. La pratique de la méditation et du yoga permettrait donc de “se purifier”, nous dit-on, d’ouvrir ses chakras (centre d’énergie) et “d’éveiller la kundalini” (énergie spirituelle). Cette réalisation aboutit à une sensation de “recevoir une brise fraîche dans ses mains”. Installé derrière deux rideaux jaunes, ce stand, intitulé "Méditation spontanée”, ne dénote pas beaucoup par rapport aux autres. La Nordev, organisatrice de ce salon du bien-être qui se déroule jusqu’à dimanche, ne s’est pas méfiée et n’a effectué aucune vérification. Pourtant, Sahaja yoga n’est pas un simple mouvement de méditation. En France, il était classé comme "sectaire" par le rapport parlementaire de 1995.
Le rapport 2005 de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) épingle aussi Sahaja yoga. “Nous préconisons le principe de précaution”, insiste-t-on à la Miviludes. L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) ne dit pas autre chose sur ce mouvement créé en 1970 par une Indienne, Nirmala Devi dite "Sri Mataji” qui se présente comme la “Divine mère”. L’Unadfi relève une série de points inquiétants. D’abord, "Sri Mataji" critique la société moderne occidentale et préconise l’instauration d’un nouvel ordre gouverné par des "Sahaja Yogi" qui écouteront ses conseils, ainsi qu’un contrôle des médias. Selon la doctrine, donner de l’argent aux œuvres de Sahaja Yoga permettrait d’apaiser les divinités et de recevoir leur bénédiction, souligne l’Unadfi. Autre thème récurrent : les ondes négatives qui empêchent l’énergie de circuler. Grâce à la méditation, il serait possible de guérir beaucoup de maladies. Mais ce qui préoccupe le plus la Miviludes et l’Unadfi reste le rapport aux enfants. “N’importe qui peut faire des enfants, même un chien peut faire des enfants”, écrit "Sri Mataji" qui conseille, “si l’enfant n’écoute pas ou s’il est effronté”, de “donner cet enfant à quelque autre Sahaja Yogi”. “Donnez alors l’enfant à une autre, une autre femme s’occupe alors de l’enfant, l’enfant devient alors la propriété de tout le monde, non votre propriété”.
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En décembre 2006, la commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire avait fustigé ces écrits. Les députés citaient également plusieurs cas de parents encouragés à placer leurs enfants dès leur plus jeune âge dans un internat de l’organisation à Rome ou en Inde pour une formation (lire ci-contre). Président de la commission d’enquête, Georges Fenech a déclaré avoir rencontré un jeune de 14 ans qui lui a répondu que "Sri Mataji" est "une mère, bien plus haut qu’une maman”. En France, ce mouvement est déclaré sous le nom de Vishwa Nirmala Dharma et se trouve dans beaucoup de salons du bien-être ou salons bio. Dans le département, ce mouvement existe aussi sous l’appellation Sahaja Yoga La Réunion, et propose des “sorties et des séminaires pour approfondir sa méditation et apprendre de nouvelles techniques”. “Généralement, ces associations se présentent sous un jour anodin, observe Georges Fennec, président de la Miviludes. Mais il convient d’être très vigilant”. Par crainte de procès, les pouvoirs publics évitent désormais d’employer le mot "secte" et de dresser des listes nominatives. Mais si le mot n’est pas prononcé, c’est tout comme.
Jérôme Talpin
Le rapport 2005 de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) épingle aussi Sahaja yoga. “Nous préconisons le principe de précaution”, insiste-t-on à la Miviludes. L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) ne dit pas autre chose sur ce mouvement créé en 1970 par une Indienne, Nirmala Devi dite "Sri Mataji” qui se présente comme la “Divine mère”. L’Unadfi relève une série de points inquiétants. D’abord, "Sri Mataji" critique la société moderne occidentale et préconise l’instauration d’un nouvel ordre gouverné par des "Sahaja Yogi" qui écouteront ses conseils, ainsi qu’un contrôle des médias. Selon la doctrine, donner de l’argent aux œuvres de Sahaja Yoga permettrait d’apaiser les divinités et de recevoir leur bénédiction, souligne l’Unadfi. Autre thème récurrent : les ondes négatives qui empêchent l’énergie de circuler. Grâce à la méditation, il serait possible de guérir beaucoup de maladies. Mais ce qui préoccupe le plus la Miviludes et l’Unadfi reste le rapport aux enfants. “N’importe qui peut faire des enfants, même un chien peut faire des enfants”, écrit "Sri Mataji" qui conseille, “si l’enfant n’écoute pas ou s’il est effronté”, de “donner cet enfant à quelque autre Sahaja Yogi”. “Donnez alors l’enfant à une autre, une autre femme s’occupe alors de l’enfant, l’enfant devient alors la propriété de tout le monde, non votre propriété”.
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En décembre 2006, la commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire avait fustigé ces écrits. Les députés citaient également plusieurs cas de parents encouragés à placer leurs enfants dès leur plus jeune âge dans un internat de l’organisation à Rome ou en Inde pour une formation (lire ci-contre). Président de la commission d’enquête, Georges Fenech a déclaré avoir rencontré un jeune de 14 ans qui lui a répondu que "Sri Mataji" est "une mère, bien plus haut qu’une maman”. En France, ce mouvement est déclaré sous le nom de Vishwa Nirmala Dharma et se trouve dans beaucoup de salons du bien-être ou salons bio. Dans le département, ce mouvement existe aussi sous l’appellation Sahaja Yoga La Réunion, et propose des “sorties et des séminaires pour approfondir sa méditation et apprendre de nouvelles techniques”. “Généralement, ces associations se présentent sous un jour anodin, observe Georges Fennec, président de la Miviludes. Mais il convient d’être très vigilant”. Par crainte de procès, les pouvoirs publics évitent désormais d’employer le mot "secte" et de dresser des listes nominatives. Mais si le mot n’est pas prononcé, c’est tout comme.
Jérôme Talpin
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"Nous ne sommes pas une secte et nous sommes libres". Clicanoo.com. Le 3 juillet 2010.
Que Sahaja Yoga soit considéré comme un mouvement sectaire par la Miviludes ou une association comme l’Unadfi fait sourire les animateurs du stand. “Je ne vis pas coupée du monde et de ma famille, je n’ai pas perdu mon sens critique, ni mon emploi ou mon argent, rétorque sans animosité l’une des responsables de l’association. Sahaja ne propose rien d’autre que d’atteindre la vérité grâce à la méditation.” “On est bénévoles, glisse un autre. On a tous un métier, on ne fait pas d’argent. Personne n’est l’objet de pression”. Tous estiment être victimes de l’intolérance de la Miviludes et de l’Unadfi. “Et de l’hystérie des années 1995 à 2000 lorsque tous les mouvements ont été mis dans le même sac. Tout ce qui ressemblait de prêt ou de loin à un mouvement spirituel était catalogué comme secte”. “Le problème, explique un autre animateur, est qu’en France tout ce qui traite de la spiritualité est suspect. Un amalgame a été réalisé entre des sectes et des mouvements spirituels. Nous vivons dans un pays qui n’est pas du tout tourné sur le spirituel. Dans beaucoup d’autres nations, il n’existe aucune suspicion à l’encontre de Sahaja Yoga qui est respecté”. Quant aux écrits de Sri Mataji sur les enfants, “ils ont été sortis de leur contexte. Son discours est de dire qu’il faut bien éduquer les enfants”. Sur son site internet, l’association a fait paraître un document de treize pages intitulés "réponses aux idées fausses" qui dénonce “l"assimilation de notre mouvement à une secte dangereuse”.
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"Ce mouvement doit faire l’objet d’une vigilance". Clicanoo.com. Le 3 juillet 2010.
Source : http://www.clicanoo.re/Actualites/Faits-Divers/250468-ce-mouvement-doit-faire-l-objet-d.html
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Président de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), ancien député UMP, Georges Fenech a présidé la dernière commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire.
Le nom du mouvement Sahaja Yoga figure dans votre rapport de 2005. Est-il dangereux ?
Georges Fenech : "Ce mouvement doit faire l’objet d’une vigilance. Sahaja Yoga est aujourd’hui très répandu dans le monde à travers une quarantaine de pays. Il donne des conférences, de concerts et des cours gratuitement. Nous avons constaté qu’il se trouvait au centre de démêlés judiciaires touchant à la sphère familiale. La fondatrice, "Sri Mataji", préconise que les mariages soient faits entre membre des groupes Sahaja Yoga. Ses propos sur le rôle des parents sont édifiants. Elle dit : “vous devez juste accomplir votre tâche comme si vous étiez le dépositaire de l’enfant, et seulement le dépositaire. Mais vous ne devez pas vous attacher à lui : c’est mon travail, vous devez me le laisser. Ces enfants sont les miens, pas les vôtres”. Les parents sont encouragés à envoyer leurs enfants dans un ashram en Inde ou en Italie durant des périodes allant de 2 à 9 mois. Autrement dit, les enfants n’appartiennent plus à leurs parents mais à la communauté. Nous considérons qu’il y a une altération du lien parents-enfants.
Avez-vous relevé des cas précis de dérives ?
En région parisienne, il y a eu le cas d’une enfant de 4 ans qui a été envoyée en République tchèque pour un séjour de trois mois dans un groupe. Initialement, elle devait partir dans un ashram à Rome mais les autorités italiennes ont refusé. Le cas de cette enfant a fait l’objet d’un signalement au procureur. A Nantes, nous avons eu connaissance de l’histoire d’une petite fille de 4 ans qui est partie dans cet ashram à Rome pendant un mois et demi. Nous avons demandé des explications à cette association mais nous attendons encore la réponse. C’est silence radio.
Il est quand même étonnant que ce type d’associations, signalées par votre mission, puisse s’offrir un stand dans un salon dédié au bien-être.
Il convient d’être très prudent avant de donner des autorisations à ces groupes de méditation. Il est clair qu’il y a eu un manque de précaution de la part des organisateurs."
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