«Si tu quittes, il pourrait t’arriver quelque chose.» Cinq ans de méditation transcendantale et de yoga. Monique Forand (nom fictif), Sherbrooke. Le 15 octobre 2009.

Transcription d’un témoignage donné verbalement


En 1975, mon mari et moi, alors que nous étions en voyage en Thaïlande, avons rencontré des québécois qui nous ont initiés à la méditation transcendantale. De retour au Québec, nous sommes allé dans une Académie de Méditation transcendantale (M.T.), où j’ai fait de la M.T. pendant cinq ans. J’ai aussi fait un peu de yoga, des postures (asanas), soit 10 minutes matin et soir, pour accompagner la méditation transcendantale. Nous avons fait notre cours d’intelligence créatrice (1 mois) et j’ai également fait un cours pour devenir vérificateur de mantras. Du côté financier, cela coûtait une fortune. Il y avait même des fins de semaine à mille dollars !

Dans la M.T., j’étais vérificateur de mantras. C’était pour aider les personnes qui méditent, qui s’ennuient, qui sont distraites ou qui ne sont pas capables de rester tranquilles. J’avais un livre à connaître par cœur, afin de répéter des phrases aux gens alors qu’ils méditaient. Le but était de les faire tourner en rond et de les trimbaler mentalement, jusqu’à ce qu’elles lâchent prise pour que le mantra entre en elles.

Selon toute cette doctrine de la M.T., la personne doit répéter le mantra et faire les exercices pour faire le vide, afin que le mantra agisse complètement en elle. On nous disait que le mantra était une vibration qui correspond à notre nature profonde, que c’était à nous personnellement et qu’il ne fallait pas le dire aux autres. Les mantras sont souvent des mots hindous et même des noms de démons hindous et c’est parce qu’il y en a peu qu’il ne faut pas le dire aux autres. Le but est d’ouvrir les chakras et de faire monter la kundalini, afin d’accueillir le mantra de la méditation transcendantale. On nous présentait toujours une pyramide à gravir, le plus haut étant le nirvana et le plus bas, les asanas (exercices, postures, mouvements du corps). Le but, c’était l’atteinte du nirvana : la disparition totale du moi dans le tout cosmique ; se fondre dans l’intelligence créatrice et disparaître soi-même.

Par rapport au sexe et à la sexualité, ils nous disaient que ce n’était pas bon, parce que ça nous faisait dépenser de l’énergie, alors que l’énergie, il fallait la garder pour nous-mêmes, pour que ça monte, parce que cela augmente la kundalini. Il fallait aussi garder l’énergie sexuelle pour le grand gourou. C’est comme si les êtres supérieurs, les gourous, se nourrissaient des énergies des autres.

On nous avait dit que le lien était très fort avec notre instructeur pour toute la vie. Celui qui nous instruit, c’est comme un maître spirituel. Même si on n’a pas affaire à cette personne, il a une emprise très forte. C’est comme si nous devenions ses sujets. Nous lui étions subordonnés spirituellement. C’est comme si la personne devenait dépendante. C’est comme si cette personne avait pour toujours une emprise sur la personne qu’elle avait initiée.

Dans notre formation, on nous apprenait à tromper les gens en leur disant ce qu’ils veulent entendre, tel que :

«La M.T. c’est simplement un exercice d’assouplissement, de relaxation, purement physique. Cela va juste diminuer le stress, pour mieux prier. Il y a des religieuses, des prêtres qui font de la M.T.»

Nous savions que cela les emporterait automatiquement vers le reste mais on nous apprenait à ne pas dire la vérité aux gens. Nous devions garder beaucoup de secrets qui étaient réservés aux initiés. De plus, nous avions tellement de mépris pour ces gens que nous avions le droit de les tromper, sinon les gens n’auraient pas voulu si nous leur avions dit la vérité :

«On va vous ouvrir les chakras, vous aurez des forces cosmiques qui entrerons en vous, vous vous dirigerez vers le nirvana et votre esprit disparaîtra complètement. À la base, on prendra votre corps et un peu plus loin, on prendra votre esprit.»

Dans la M.T., on entendait parler de pouvoir et de connaissances absolues. Ils nous inculquaient un désir de puissance. Ils nous disaient que la chair c’était dégoûtant et que c’était la souffrance. Le but était de fuir et de refuser la souffrance en devenant un esprit cosmique complètement désincarné. J’ai entendu dire souvent : « La manière d’arrêter la souffrance, c’est de diminuer la sensibilité parce que sinon on souffre. » Il fallait se faire une carapace d’insensibilité en travaillant sur notre corps. On apprenait à se contrôler froidement, à se maîtriser, mais pas à se guérir. On se durcissait et on s’empêchait de sentir pour ne pas souffrir. La difficulté de communication avec les autres augmentait, car on se refroidissait et on comprimait nos émotions. Eux disaient que l’on canalisait nos émotions et tous nos sentiments dans un but de désincarnation physique, pour sortir de notre être physique et s’en débarrasser.

Cela développe progressivement une insensibilité et une incapacité d’aimer. Il n’y a pas d’amour. Cela développe une froideur, une barrière entre les personnes mais aussi une barrière entre la personne et son propre cœur. Eux, se détachent de tout cela et se disent de plus en plus purs, c’est-à-dire de plus en plus insensibles. Ils confondent impureté et insensibilité. Ils disent qu’il faut, le plus vite possible, se faire le plus pur, pour ne plus avoir à se réincarner, pour se décrocher de la matière et devenir un pur esprit, sans souffrance, dans la béatitude, dans un état spirituel de plénitude où il n’y a aucune souffrance, aucune émotion, aucun attachement, aucune relation avec personne. Et c’est cela leur but : c’est la fuite de leurs souffrances. Cela les amène à l’immobilité au niveau des relations, des sentiments et de l’engagement. C’est vraiment de la désincarnation et je vois cela comme un mal de vivre.

Mes observations sur les instructeurs de M.T.

Ce que j’ai pu observer des instructeurs de M.T., c’est qu’ils se pensent au-dessus du commun des mortels, parce qu’ils disent avoir compris les vraies choses de l’univers. Ils s’imaginent qu’ils vont former un gouvernement mondial et qu’ils dirigeront les gens comme des moutons qui seront bien dociles. C’est une affaire de hiérarchie et de domination qui conduit à un genre d’esclavage. Ils perpétuent le culte des idoles et l’idolâtrie des personnes. Ils n’avaient aucune patience, aucune compassion et étaient très irritables. Ils négligeaient leurs devoirs de famille et leurs devoirs sociaux et éprouvaient du mépris pour les gens qui ne méditaient pas et qui ne pensaient pas à leur évolution personnelle. Ils disaient que ceux qui avaient des enfants étaient comme des animaux, parce que copuler, c’est vraiment ce qu’il y a de plus bas dans la nature. Ceux qui voulaient se marier étaient méprisés et j’ai pu observer que les gens, dans ces milieux-là, ne restaient pas facilement mariés. Les gens que j’ai connus se divorçaient, car il y en avait un qui était complètement pris là-dedans et l’autre moins, alors ils étaient incapables de se rejoindre. Les instructeurs et les avancés dans la M.T. sont presque toujours végétariens. Si quelqu’un mangeait de la viande, ils le percevaient comme un porc répugnant et la personne les dégoutait.

Effets secondaires sur ma santé physique et mentale

Les effets des deux techniques (M.T. et yoga) sont liés pour moi et je peux difficilement dire quels effets proviennent de telle ou telle technique. Je pense que tout ce qui nous demande de nous centrer sur nos énergies personnelles a le même effet. Les postures de yoga ne sont pas naturelles et ce sont des postures bizarres. Les exercices n’étaient pas fatigants, mais j’avais des maux de dos, des maux aux articulations, aux genoux en particulier, des maux de nuque, de chevilles, etc.

Quand on est dans cet état de méditation ou de yoga, on est dans une sorte d’intériorité. Si on est dérangé, on devient extrêmement agressif. J’avais donc remarqué l’apparition d’une agressivité très forte en moi. Je n’avais plus aucune patience et j’éprouvais une sorte d’irritabilité profonde. J’avais aussi des émotions variables. J’ai vécu des choses vraiment bizarres, comme des hallucinations et cela me faisait peur.

Un des graves effets est que cela peut mener à de la confusion mentale ou de la confusion intérieure. En pratiquant ces techniques, on devient ambivalent entre une partie de soi qui contrôle et une partie de soi qui voudrait vivre, pleurer, aimer et qui souffre. Mais dans cette philosophie, c’est honteux de souffrir et de s’abaisser à aimer jusqu’à être vraiment attaché à une personne. On génère donc un conflit intérieur constant que les personnes apprennent petit à petit à contrôler, à maîtriser et à écraser. Cela peut faire des gens sereins, mais on doit se complaire en soi-même et se couper des autres.

Effets sur ma vie personnelle, familiale et sociale

J’ai noté qu’en pratiquant ces techniques, il y a un repli sur soi qui s’installe et c’est « moi » qui suis importante. C’est le culte du moi qui s’installe. J’ai vue beaucoup de choses laides de l’intérieur. J’ai pu observer que ces gens deviennent très égoïstes. Ils ne peuvent pas s’oublier pour aider les autres, car il faut toujours qu’ils pensent à eux d’abord. Ce sont eux qui passent en premier : « Qu’est-ce qui est le mieux pour moi ? » C’est ma paix, ma tranquillité, mes idées. On n’entendait jamais parler d’amour. Jamais dans le yoga ou dans la M.T. on ne parle d’amour. C’est un mot qui n’existe quasiment pas.

On nous faisait pression pour que l’on fasse 10 minutes d’asanas et 20 minutes de méditation (le matin, le soir). Les enfants ne peuvent pas nous laisser une demi-heure le matin et le soir sans avoir besoin de quelque chose. Il y en a dont les enfants étaient vraiment négligés, affectivement. On devenait fous parce que quand l’enfant nous arrêtait il fallait que l’on recommence les 20 minutes. J’ai vu comment cela m’a affectée personnellement, avec mes enfants et dans ma vie de couple. Quand ton évolution doit passer avant tes enfants et ton couple, cela détruit beaucoup les relations humaines. Nous n’aurions peut-être pas divorcé si ce n’avait été de cela. J’étais en train de devenir comme eux, sans aucune patience et avec une irritabilité profonde. C’est affolant quand tu as des enfants, car quelquefois cela créait des chicanes à la maison. Pendant une heure et demie, je devais faire du yoga et de la M.T. et je finissais par crier après mes enfants, par les gronder et par leur claquer la porte au nez.

Ce qui a contribué à mon départ fut l’attitude des instructeurs face aux enfants. Ils me disaient : « Pense à ton évolution. Tes enfants sont un obstacle à ton évolution. Fais-les garder. Ça dérange. Débarrasse-toi de ces enfants-là ». C’était cela leur mentalité. Pour moi, c’est ce qui m’a beaucoup ouvert les yeux. Quand j’ai arrêté, j’ai compris et je me suis dit qu’à partir de ce moment, je m’occuperais de mes enfants.

Effets sur ma vie spirituelle

J’étais protestante auparavant, mais je ne pratiquais pas depuis dix ans lorsque j’ai joint la M.T. Je suis par la suite devenue catholique. J’ai vécu des choses bien bizarres dans la M.T. qui m’ont beaucoup dérangée dans ma vie spirituelle. J’avais développé une capacité un peu médium et de clairvoyance. Au bout de 3 ans de M.T., je faisais des rêves de lévitation qui me dérangeaient, pas physiquement bien sûr. Je sentais des visites d’esprits et je n’aimais pas cela et cela me faisait peur. J’ai comme ressenti des attaques dans mon cœur. Dans la M.T., on entendait beaucoup parler de choses surnaturelles. Ces pratiques mettent la personne en contact, mais aussi en danger avec des forces spirituelles qu’elle ne comprend pas.

J’ai toujours eu une légère résistance, car il me semblait que dans ma connaissance de la foi chrétienne, dans ma jeunesse, le but n’était pas de disparaître, mais de s’unir. Ce n’était pas de devenir rien, mais de se rapprocher de Dieu. Donc, il y a toujours eu ce combat en moi et je n’acceptais pas leur philosophie et leur pédagogie. Je crois finalement que c’est l’énergie que l’on va (normalement) chercher en Dieu, qu’on va chercher en soi. Le but, c’est d’utiliser le corps pour ouvrir des portes et une fois que les portes sont ouvertes, c’est très difficile. Les gens deviennent biaisée dans leur spiritualité et le discernement disparaît.

Mon départ de la M.T.

Il y avait des menaces pour ceux qui quittaient et on m’en avait faites. Ils disaient : « Ceux qui quittent sont en danger. Si tu quittes, attention, il pourrait t’arriver quelque chose ». Effectivement, il y en a beaucoup qui ont eu de grands malheurs après avoir quitté la M.T., tels des accidents mortels. Il y en a un dont les deux fils se sont suicidés.

La dernière fois que j’ai médité, j’ai ouvert les yeux et je me suis dit : « C’est la dernière fois que je médite. C’est fini. » J’ai quitté la ville de Québec pour me protéger d’eux et je suis allée à Montréal. Je n’ai plus jamais été en contact avec les gens de la M.T. et je n’ai jamais été tentée de pratiquer ces techniques à nouveau. J’ai déchiré tous mes livres de M.T.

En 1981, j’étais sortie de là depuis quelques mois, et j’ai écrit une lettre de deux pages pour dénoncer le yoga. Je me suis alors sentie attaquée et mes enfants aussi. Ce ne sont pas des blagues. C’était terrible. Je me sentais comme si j’avais un fusil sur la tempe et comme si j’étais en danger de mort. C’était comme une oppression mortelle et les enfants n’ont fait que pleurer sans arrêt pendant 3 jours. J’ai dû consulter un prêtre et avoir des ministères afin que les oppressions et la médiumnité cessent.

1 commentaire:

Néophyte a dit…

oui tout ça c'est vrai quand on joue avec l'esprit. Je suis effarée de voir comment on appâte des millions de gens à travers les techniques dites de "bien-être"... Avant je n'y croyais pas que c'était nocif... J'ai fait des stages de massage thaïlandais de réfléxologie plantaire... Je n'ai pas . été jusqu'au bout parce-que je me suis cassé le pouce...J'ignorais tout cela et je suis sûre qu'il y a plein de gens de bonne foi qui pratiquent le yoga seulement pour la relaxation...